4. Médecin du travail,
un métier qui a du sens

Mieux vaut prévenir que guérir

Pour le docteur Marie Grosjean, Manager régionale Surveillance médicale pour la Wallonie chez Mensura, le médecin du travail est le généraliste des entreprises. Grâce à une relation de long terme basée sur l’écoute et la confiance, il propose des solutions sur mesure qui tiennent compte de la réalité et de l’histoire de chaque organisation. Cette approche, couplée aux avancées spectaculaires de la digitalisation, permet à Mensura d’être un acteur clé du développement humain et de la résilience des entreprises.

En tant que médecin et manager, Marie Grosjean place l’humain au centre. Sa mission, elle la conçoit dans le contexte d’une évolution positive, qui donne tout son sens au métier de médecin du travail. « Notre rôle a profondément évolué. De simple instance d’expertise associée à une obligation légale, nous sommes devenus un partenaire clé pour la santé et la sécurité des travailleurs, et plus largement pour tous les enjeux humains de l’entreprise. » Un rôle qui s’impose petit à petit, avec des rythmes différents. « Trop souvent encore, nous intervenons de manière marginale ou quand il est trop tard. Mais les choses changent. De plus en plus, la demande est de dépasser le cadre légal de la médecine du travail pour devenir un vrai partenaire, qui trouve des solutions de bien-être et accompagne leur mise en œuvre. »

Pivot

Pour Marie Grosjean, ce partenariat se conçoit nécessairement à long terme. « Notre travail a une plus-value dès l’instant où une relation durable se noue. Lorsqu’on connaît les travailleurs, leurs difficultés, les défis du secteur, mais aussi l’histoire et la culture de l’entreprise, nous avons une photo d’ensemble de la situation, et nous en saisissons toutes les nuances. Alors nous pouvons être de véritables experts de santé et de sécurité, à l’écoute des travailleurs et des entrepreneurs. Nous devenons un acteur pivot du bien-être dans l’entreprise, ce qui rend notre travail plus intéressant et plus utile. » Installer ce rôle de coach sur le long terme peut être un défi, qui se heurte à des habitudes tenaces. « Il faut parfois ramer à contre-courant, admet Marie Grosjean, car l’entreprise est souvent mobilisée par des enjeux de court terme, alors que notre rôle est justement d’inscrire la collaboration dans le long terme. » Mais c’est un choix gagnant pour les entreprises, et celles qui jouent le jeu s’en aperçoivent vite…

Sur mesure

« Grâce à notre connaissance fine de chaque entreprise, on peut chercher la solution adaptée à sa réalité. Il arrive que la solution idéale – remplacer une machine bruyante p.ex. – ne soit pas praticable dans l’immédiat, alors on propose des mesures intermédiaires, en travaillant sur l’organisation du travail, les équipements de protection, etc. Notre force et notre spécificité, c’est d’apporter des réponses sur mesure pour chaque organisation. C’est vraiment là que nous faisons la différence, et les entreprises ont énormément à y gagner. Je peux vous citer l’exemple d’une zone de secours. Plutôt que de se contenter de la visite médicale et des épreuves d’effort obligatoires tous les trois ou cinq ans, nous avons décidé d’organiser un test chaque année et d’accompagner les pompiers pour maintenir toute l’équipe en forme, avec des conseils individualisés en matière d’exercice, d’alimentation, etc. Cela représente un coût et une charge supplémentaire pour l’organisation, mais le bénéfice est considérable : plutôt que d’obtenir des résultats dévalorisants, avec des inaptitudes potentielles, nous travaillons tous ensemble pour que tout le monde puisse réussir les tests et rester à bord du navire. Après deux années, l’employeur est ravi. Cet exemple démontre que les vertus de la prévention dépassent largement le cadre médical, pour embrasser le développement humain et la cohésion de l’entreprise.

Digitalisation

La digitalisation est un autre axe fort de l’évolution de Mensura. « Une révolution est en cours. Et les bénéfices pour les entreprises et leurs employés sont déjà perceptibles. La digitalisation permet de professionnaliser et de fluidifier le lien avec les entreprises. Grâce à des plateformes dédiées, Direction et travailleurs ont accès en un rien de temps à une série d’outils, de documents et de renseignements. Ils peuvent aussi introduire des demandes et signalements, préremplir des documents avant une consultation. Tout cela rend nos interventions plus pertinentes et plus efficaces. Bien entendu, cela n’empêche pas le contact direct. Simplement, celui-ci s’inscrit désormais dans un contexte plus global, qui comprend aussi des formations, webinaires, etc. Dans ce domaine, Mensura a fait preuve d’une proactivité et d’une créativité impressionnantes pendant la pandémie. En un temps record, des formations et conseils vidéo ont été proposés autour du thème de la vaccination ou des premiers secours. Et les retours ont été incroyables ! » Mais l’avenir de la digitalisation va bien au-delà de cette logique d’efficacité pratique. « La prochaine étape, c’est la gestion intégrée des données de nos clients, et même d’autres données à l’échelle de la Belgique. En les triant et les analysant, nous pouvons détecter certains risques et besoins récurrents par secteurs et types d’entreprises. On anticipe ainsi les problèmes en faisant des propositions d’améliorations préventives ». Une fois encore, proactivité et prévention sont les maîtres mots.

Vocations

En médecine du travail, les vocations se font rares. En tant que responsable régionale, mais aussi maître de conférences à l’université UCLouvain, Marie Grosjean a forcément un regard aiguisé sur cette problématique. « Le métier de médecin du travail reste méconnu et souffre d’amalgames. Personnellement, je nous considère comme les médecins généralistes de l’entreprise. C’est ce message qu’il faut essayer de mieux faire passer aux jeunes étudiants en médecine. Cela dit, la meilleure chose à faire pour susciter les vocations, c’est de faire en sorte que notre métier soit intéressant et utile, que notre action ait un sens. À mon niveau, je m’efforce d’œuvrer chaque jour pour rendre ce métier toujours plus passionnant. Cela se traduit par une part importante accordée à la formation, tout en stimulant l’initiative et l’autonomie individuelles. »

De plus en plus, la demande est de dépasser le cadre légal de la médecine du travail pour devenir un vrai partenaire qui trouve des solutions.
Marie Grosjean Manager Régional Surveillance Médicale Wallonie
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